Noir, désenchanté, désargenté, comme un des personnages de « N’appelle pas à la maison ». Barcelone, de nos jours, un drôle de trio, Raquel, junkie dépouillée de ses enfants, Christian, faux-frère égocentrique, Bruno, cerveau pochtronné, ont monté une combine de maîtres-chanteurs auprès des couples illégitimes… pour récupérer quelques centaines d’euros, vite bus, vite injectés. Cette fois, le trio tombe sur un os, un mec qui se fout de ce l’on raconte sur ses travers, qui encourage même la révélation de son histoire d’amour. À partir de là, la combine routinière devient ingérable. Carlos Zanón nous emmène dans Barcelona la negra de bistrot en squat, de ruelles en parcs, la partie sombre de la capitale des affaires et du tourisme, la ville des oubliés, des exclus, dont le nombre ne cesse de croître dans ce système pervers de la course en avant. Ces personnages ont de l’épaisseur, chacun a une vie, des rêves, des regrets et une volonté d’en sortir, aucun n’y parviendra. Eros et Thanatos sont plus que présents, même si le premier prend une claque, une musique lancinante habille la dérive de Raquel, bruno et Christian, une intrigue riche qui nous conduit dans un roman, plus noir que polar et dans une ville écartelée. À ne pas rater !
Carlos Zanón – « N’appelle pas à la maison » – Asphalte 2014