De Nice à Naplouse, l’overdose est partout. Un excellent polar géopolitique où Pierre Pouchairet dévoile la nature des trafics de drogue, leur capacité à financer la guerre. Deux jeunes trafiquants de drogue sont condamnés à mort en Chine. Une famille de colons est assassinée en Cisjordanie. Un jeune niçois devient fou après une absorption de cristaux de meth… Au centre, le conflit israelo-palestinien, la puissante industrie pharmaceutique qui jongle avec le désespoir des jeunes palestiniens, la morgue des vieux politiques, l’impuissance de la sagesse face à l’appât du gain. Énormément de richesses dans « Une terre pas si sainte », beaucoup de complexité de prime abord qui au final montre que si le monde tourne rond, les affaires aussi. Overdoses de pauvreté, de racisme, d’incompréhension, de malversations et calculs politiques, d’inhumanité, de capitalisme, de religions et de religieux…
La richesse provient autant de l’intrigue que des personnages et de leurs relations, avec le souci de collaboration des flics palestiniens avec l’autorité israélienne, des flics français avec leurs confrère de Tel-Aviv et Jérusalem, la magnifique vacuité de toutes ces administrations… et une description détaillée et complète de l’absurdité ubuesque dans laquelle doit évoluée l’autorité palestinienne qui a surtout le droit de subir les effets de la puissance israélienne. Quelques facilités dans les dialogues ou dans les relations entre hommes et femmes ne font cependant pas sombrer l’histoire dans la caricature et on s’attache surtout à l’Histoire de ce peuple palestinien toujours au bord du désespoir. En fil rouge, le portrait brillant d’une flic palestinienne qui navigue entre vieux alliés politiques, connivence entre autorités et connaissance du terrain. À lire d’urgence pour comprendre comment la question de l’État palestinien est aussi au cœur de trafics internationaux dont bénéficient les puissants de ce monde et que subissent les perdants.
Pierre Pouchairet – Une terre pas si sainte – Jigal 2014