Ahmed Tiab, après « Le Français de Roseville » nous offre un magnifique roman avec « Le désert ou la mer« . Le commissaire Kemal Fadil se retrouve sur une enquête dans le milieu des migrants après la découverte de corps dans un garage à bateau. En parallèle, nous suivons Ali et Fatou, partis de Niamey pour gagner l’Europe. Un roman poignant sur le trafic de migrants et son impact sur la société algérienne. Ahmed Tiab raconte avec truculence la vie à Oran, nous éclaire sur les petits arrangements des algériens avec la fermeté des militaires, l’absurdité des autorités, la bêtise des islamistes… en nous troussant des scènes de vie où l’humanité est bien présente, comme la scène de mariage ou les échanges qu’ont le commissaire et sa mère. En même temps, la noirceur du trafic d’êtres humains est permanente, aussi bien dans les paysages sublimes du Sahara qu’aux bords de la grande bleue et cette noirceur rejoint celle de ceux qui détiennent le marché mettant en évidence les liens entre les mafia de part et d’autre de la Méditerranée. La description des personnes montrent non seulement l’espoir et la hargne pour celles et ceux qui migrent malgré les enfers à traverser, mais aussi les différents rouages de ce trafic, où chaque passeur prélève sa dîme, où les luttes de pouvoir entre mafias traditionnelle et islamiste s’exercent en pleine ville, en plein désert…
Un bouquin sensible, empli d’humanisme non lénifiant et d’humour qui soulage les images très noires dépeintes dans « Le désert ou la mer ». À lire de toute urgence.
Ahmed Tiab – Le désert ou la mer – éditions de l’aube 2016
Bonjour, merci pour cette belle chronique. Amicalement.