Des événements similaires se produisent à soixante ans de distance. Des coïncidences absurdes s’établissent, des liens aberrants surgissent entre un petit garçon disparu et le suicide d’une septuagénaire. Des voix se font entendre, des visions apparaissent… non, vous n’êtes pas dans un remake de Shining ou d’Amityville, mais bien dans l’excellent polar d’Yrsa Sigurdardóttir, « Je sais qui tu es ». Ses compatriotes, Indriðason, Thórarinsson ou Máni nous ont plus habitué à des polars polaires avec une trame classique, même si tous ont leurs sensibilités différentes et nous donnent des regards sur l’Islande distincts, mais aucun n’a jusqu’alors abordé le thriller avec une telle force qu’Irsa Sigurdardóttir. Elle crée une ambiance angoissante en emmenant ses personnages principaux sur une lande déserte où, réfugiés dans une vielle bicoque à retaper, d’étranges esprits viennent toquer à la porte quand ils n’entrent pas purement et simplement. Bien entendu, au pays des Sagas, que des esprits se mêlent au quotidien semble presque normal… L’histoire se déroule dans les fjords de l’ouest, à Hesteyri, un village abandonné, mais bien réel à quelques heures de navigation d’Ísafjörður (bien connue des lecteurs de Thórarinsson), à l’automne. Une belle écriture, un scénario haletant, entre paranormal et dure réalité économique, Yrsa Sigurdardóttir nous a construit un excellent thriller, palpitant au rythme de la lande et des embruns, à lire au coin du feu ou dans son lit, mais pas dans une maison isolée des fjords de l’ouest !
4ème de couverture : « Garðar et Katrín débarquent à Hesteyri, village perdu des fjords, pour retaper un gite. Excités, ils pensent être seuls. En hiver, les incidents se succèdent ? une vieille femme se pend, une école est saccagée ? et l’aventure tourne au cauchemar. Des pas les suivent, des voix exigent qu’ils partent, un enfant rode… La région est-elle maudite ? Harcelés, ils n’ont plus le choix : il faut fuir ou… mourir. »
Yrsa Sigurdardóttir – Je sais qui tu es – Points 2013