L’édition 2012 de « Quais du Polar » est à l’image des précédentes, dense (70 auteurs), généreuse (films, lectures, concerts, pièces de théâtre, débats), animée… c’est une des rares occasions de voir plusieurs auteurs de polar débattre autour de sujets certes consensuels mais qui se réinventent un peu chaque année. C’est surtout l’occasion d’écouter des auteurs de livres… a priori plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral. Mais que nenni, écouter Didier Daenincks, Antonin Varenne, Barouk Salamé disserter autour de la guerre d’Algérie, de sa place dans la littérature en attendant celle de l’histoire, Deon Meyer, Romain Slocombe, Thomas H. Cook, Víctor Del Árbol et… Didier Daenincks aborder la culpabilité humaine au travers de leurs récits, de l’explosion des familles vers l’explosion des sociétés ou Olivier Bordaçarre, Philip Kerr, Karim Madani et Rachid Santaki évoquer l’importance de la ville réelle ou rêvée est aussi plaisant que de les lire. C’est dire. On apprend ainsi que la Seine-Saint-Denis a récupéré le code postal du département de Constantine en 1968, que les écrivains ont souvent l’aval des historiens pour échafauder des hypothèses qui ne pourront être prouvées qu’après un long travail, que Daenincks a décidé d’écrire un roman policier pour dénoncer le massacre du 17 octobre 1961 avec « Meurtres pour mémoire« , car le temps n’était pas encore celui des historiens, comme l’avait fait Jean-Patrick Manchette avec « l’Affaire N’Gustro » pour parler du meurtre de Ben Barka, que Kerr vit dans un passé revisité en se promenant dans Berlin, La Havane…, que Madani boxe toujours et pratique le « speedmarketing » en réalisant des collages sur les murs de sa cité, que Del Árbol fut séminariste avant de devenir policier et auteur de polar – ce qui à ma connaissance reste une première : passer de l’alliance du sabre et du goupillon à la prose ! Un paquet d’anecdotes qui donnent toutes envies de lire, de relire, d’entrer dans leurs mondes, si proches du notre.
Enfin, c’est assez marrant de découvrir la dégaine de certains auteurs, ressemblant pour la plupart à l’idée que l’on se fait de leurs héros (Carlos Salem, Arnaldùr Indridason, Mickaël Connelly…).
Ajoutons à cela une somme de pépites au niveau librairie avec des auteurs en dédicace, du thriller à la BD car de plus en plus d’auteurs se voient proposer une adaptation en BD avec l’éditeur Castermann qui outre l’excellente collection Rivages-Castermann-Noir (« Le policier qui rit » de Maj Sjöwall & Per Wahlö, adapté par Roger Seiter et Martin Viot qui était aussi présent, « Adios Muchachos » de Daniel Chavarria adapté par Paolo Bacilieri et Matz), transforme aussi « Alger la Noire » de Maurice Attia (Actes Sud / Babel Noir) par l’entremise de Jacques Ferrandez.
Ah, j’oubliais, pour être écrivain, il ne faut SURTOUT ne pas tenir de blog [Philip Kerr].
Je joins quelques clichés où l’on découvre le lieu, des auteurs en signature ou en débat…