Karin Slaughter revient avec « Broken » (parution prévue le 10 avril), suite de « Genesis« , roman où se rencontraient les personnages des deux séries qu’elle narre, celle qui se passe à Atlanta et celle qui se déroule dans le comté imaginaire de Grant. Cela démarre par le corps d’une étudiante retrouvé dans le lac de Grant, l’arrestation et le suicide du principal suspect… une intrigue apparemment assez courte. Mais l’histoire est ailleurs, elle est dans le portrait des protagonistes (personnages des deux séries), leurs sentiments, leurs rapports qu’ils soient sentimentaux, conflictuels, filiaux…, leurs évolutions et l’atmosphère dans laquelle se mouvent ces personnages. La violence est très présente, comme dans tous les romans de Karin Slaughter, maltraitance, abus psychologique, souffrance, solitude, mal-être, maladie, que subissent hommes et femmes, en particulier, ces dernières. En résumé, une vallée des cœurs brisés comme l’indique malicieusement le nom de la bourgade imaginaire où se déroule l’action et le titre de l’opus. Avec ce roman, Karin Slaughter donne une dimension plus sociale et sociétale que purement policière, thrilleresque. L’intrigue est honnête avec en fil rouge, l’abus de personnes faibles par d’autres plus fortes, le suspense est faible et l’évolution de l’enquête débouchera sur la mise en évidence de la malversation de grandes entreprises ; autrement dit, on enfonce quelques portes ouvertes. Mais comme je l’ai déjà dit, l’essentiel n’est pas là, mais bien dans le portrait des personnages et des relations humaines.
Au final, retenons que « Broken » ne casse pas la baraque mais reste un polar très honnête malgré une intrigue un peu creuse, avec des personnages de plus en plus riches que l’on retrouve avec plaisir. Au niveau de la langue, un nouveau traducteur apparaît et pour l’instant, semble avoir quelques difficultés pour s’imprégner de l’ambiance de Karin Slaughter, n’atteignant pas la fluidité que j’avais particulièrement apprécié dans « Genesis ».
Karin Slaughter – Broken – Grasset 2013
P.S.: Merci encore à Stéphane Bourgoin de m’avoir livré cet opus. Stéphane Bourgoin défend avec passion Karin Slaughter, qui au-delà d’être un très bon auteur de thrillers, s’implique, au sein de l’American Library Association, avec acharnement pour la défense des bibliothèques publiques aux États-Unis et contre la censure que subit la littérature outre-Atlantique. N’hésitez pas à consulter la carte de la censure aux États-Unis, pays de toutes les libertés… encadrées.