Grâce à Jean-Louis Nogaro, un éditeur presque voisin, j’ai découvert « L’île des hommes déchus », un premier livre de Guillaume Audru, jusqu’alors connu comme blogueur passionné de polars. Un huis-clos sur une île battue par les vents et l’iode. Une communauté taiseuse et secrète… et un squelette. Pour un premier roman, l’essai est concluant : deux personnages bousculés par la vie, Eddie et Moira se retrouvent à enquêter sur un meurtre commis quarante ans auparavant sur l’île de Stroma (tout lien avec un chanteur belge enivrant et enivré est purement fortuit). Je passe rapidement sur les traumatismes de chacun des personnages, pour inscrire le décor de ce polar polyphonique. Une île, une communauté plus que soudée pour lutter face aux éléments extérieurs. Les notables se tiennent les coudes autant pour les affaires que pour les secrets horribles et ils ne seront pas épargnés par la plume précise de Guillaume Audru. L’intrigue est construite de telle manière que la polyphonie organisée par chapitre accentue les effets et les méfaits de l’enquête. Au final, beaucoup d’iode, beaucoup de taiseux, un doigt de whisky et quelques pintes avec une morale plus que noire qui en quelques mots, montre que devant la justice humaine ou divine, il est moins grave d’abuser d’enfants que de tromper des hommes. Un final glauque qui estompe la beauté des paysages du Caithless et des maisons aux toits anthracites. Un policier très classique, d’excellente facture.
Guillaume Audru – L’île des hommes déchus – Éditions du Caïman 2013
Un vrai bon polar, que j’ai lu « scotchée »… à faire connaître, absolumment!