Coup sur coup, deux polars me ramènent à l’histoire de la guerre civile espagnole… tout d’abord, « Un Chato en Espagne » évoque le trafic d’enfants qui perturbe aujourd’hui encore la vie de milliers de familles. Le Poulpe franchit les Pyrénées aux manettes de son Polikarpov I-16 (enfin, le zinc décolle) pour enquêter sur le suicide d’un ami d’enfance de Maria. Assisté d’un vieil anar, d’une jeune et jolie militante, il va pointer avec la délicatesse qu’on lui connaît ses arpions chez les nostalgiques de la Phalange, semer son bouzin, compter les morts et les coups, s’arsouiller aux zincs. Le roman est enlevé et se lit d’une traite, avec une bière bien fraîche. Patrick Bard nous distille l’histoire de ces enfants, qui, à peine nés, sont enlevés aux familles républicaines pour être vendus à des familles phalangistes et recevoir une éducation correspondant aux valeurs du franquisme. Outre cet odieux prétexte, c’est l’occasion de dénoncer l’emprise de l’église espagnole et l’enrichissement des médecins complices et initiateurs de ce trafic qui a duré jusqu’aux années 70 ! Deux clins d’œil bien appuyés à Paco Camarasa de « Negra y criminal », une description rapide des rues et des hôtels miteux de Barcelone, et un combat aérien en guise de conclusion qui nous prouve que si la valeur n’attend pas le nombre des années, il est tout aussi possible de rester jeune… longtemps. Un bon Poulpe, bien frais comme celui qu’on apprécie… en salade.
Patrick Bard – Un Chato en Espagne – Le Poulpe / Baleine 2015