Olivier Martinelli explore l’âme humaine avec panache. « La nuit ne dure pas », chez feue 13ème Note m’avait épaté par la justesse des mots reflétant les sentiments de ce musicien qui décrivait son univers, concerts, backstages, blues et rock. « Quelqu’un à tuer » démontre que ce musicien est un formidable auteur. L’intrigue est parfaite, l’histoire époustouflante, la langue affinée. Deuxième coup de projecteur récent sur l’histoire de la guerre civile en Espagne avec un portrait de l’inhumanité, une démonstration que la guerre n’engendre que des salauds quelque soit leur bord. « Quelqu’un à tuer » nous dresse le portrait de deux personnes à deux époques différentes.
En 1990, Arthur, musicien parisien, viré par sa belle, déprime et s’en va à la recherche de son père disparu alors qu’il n’avait que deux ans. La quête du père maquille la quête de soi, de la déconstruction à la renaissance grâce à la musique et aux rencontres.
En 1934, Ignacio, mineur asturien, entraîne son jeune frère Francisco à la poursuite du rêve communiste et va rapidement découvrir la noirceur de la guerre et sa propre noirceur. Ignacio va devenir une machine de guerre et oublier son humanité jusqu’à sa renaissance par la création.
Deux hommes, liés par un secret, deux histoires, deux vies, un roman qui chapitre après chapitre nous fait passer de l’un à l’autre, d’un état d’âme à une action, deux paraboles sur la magnificence et la noirceur de nos êtres. Plusieurs points communs dont l’art salvateur. L’important est décidément le chemin de l’objectif et non ce dernier. Un sens de la concision, une multitude d’images et beaucoup de sensibilité font de « Quelqu’un à tuer » un livre à retenir, un livre qui durera. Un livre aussi fort que « La tristesse du Samouraï » avec un autre regard sur la guerre civile espagnole. Olivier Martinelli est sans doute un excellent musicien, il est à coup sûr un grand écrivain.
Olivier Martinelli – Quelqu’un à tuer – La Manufacture des Livres 2015