« Le Poète de Gaza » est plus qu’un polar, un livre, un vrai, très bien écrit, très littéraire avec un sujet profond et fondamental, l’acceptation des autres, l’acceptation de soi.
Yshaï Sarid nous brosse Israël aujourd’hui, sa paranoïa permanente, sa société cultivée, son rejet des palestiniens. Le texte est crû, violent et montre que la paix n’est pour demain sur cette terre promise.
Au début de l’intrigue, le discours est fort, monolithique et les personnages semblent les pions d’une machination imparable. L’entrée en scène du poète, les questions familiales de chacun vont perturber les rouages. Les points de vue de chaque partie sont disséqués et magnifiés : « Regarde ce qu’il y a chez vous et ce qu’il y a chez nous. Le même pays, la même terre, le même sable. Vous avez tout et nous rien. Mais vous êtes trop nerveux. Il vous manque notre patience. »
On côtoie dans cette (H)histoire, un membre de l’anti-terrorisme, une passionata, un junkie, un dealer appartenant à l’establishment, tout un aréopage d’agents de renseignements et un poète palestinien. Toutes ces personnes appartiennent à la société de la « ville qui ne dort jamais ». Tous doute de leur fonction, de leur état, de leur avenir et de celui de leurs enfants, en un mot de leurs convictions, qu’elles soient politiques, religieuses ou culturelles. Tous sont des « êtres humains, faibles et laids » et pourtant la beauté est partout dans la « bulle » qu’est Tel-Aviv. Livre politique, roman monstrueux qui met en scène le devoir face à la perception, « Le Poète de Gaza » parle d’amour filial, de relations entre ennemis d’une même société et de sentiments bouleversants.
Yshaï Sarid, fils du député de gauche et militant acharné pour la paix, Yossi Sarid, nous livre une vision aiguë de la société israélienne.
Yshaï Sarid – Le Poète de Gaza – Actes Sud 2011