Giancarlo de Cataldo décrit dans « La saison des massacres » le lien étroit et permanent entre mafia, justice, police et gouvernement… en Italie. Un lien d’autant plus étroit qu’il est en partie institutionnalisé depuis la mise en place du Gladio. « La saison des massacres » est la suite de « Romanzo Criminale » qui déjà plongeait dans les affres du pouvoir italien.
Nous sommes dans l’Italie du début des années 1990, au moment où la Droite Chrétienne craint le perdre le pouvoir, au moment où les « paysans » de Sicile décident au travers d’attentats spectaculaires à Milan, Rome et Florence de rappeler à tous qui détient véritablement le pouvoir. « L’Italie cherchait un patron. L’Italie cherchait un patron italien. Berlusconi était le plus italien de tous. Berlusconi allait devenir le patron de l’Italie« . C’était en 1994. Aujourd’hui, Berlusconi est proche de la sortie du pouvoir « officiel », mais conservera bien entendu tout le produit de ses rackets. Cette histoire passionnante de nos voisins joue le miroir pour nous, mais aussi pour toutes les démocraties occidentales, minées depuis longtemps par les milieux affairistes.
« La saison des massacres » au-delà d’un scénario parfait tellement proche de la réalité (Giancarlo de Cataldo est magistrat à Rome) et d’une très belle écriture bénéficie aussi de l’excellente traduction de Serge Quadruppani. Un autre extrait pour vous donner envie de lire ce très bon polar :
« Mais ce qui l’inquiétait le plus était la force des idées. (…) Un pays sûr, un pays ordonné, un pays law & order où quelques élus décidaient pour tous et la masse nageait tranquillement dans des fonds protégés, gardés à vue par une armée de flics et de juristes prêts à réprimer le moindre crime. Et à fermer les yeux sur tout le reste. Dans le Plan, on ne parlait pas de mafia. La mafia n’était pas un problème, pour ceux qui l’avaient écrit. Mais n’était-ce pas ce que tout le monde désirait au fond ?«
Giancarlo de Cataldo – La saison des massacres – Métaillié 2008