Alger la blanche, devenue noire avec le bel ouvrage de Maurice Attia qui nous exposait sa vision de la société algéroise à la fin de la guerre d’indépendance, lors des plus fortes tensions. « Alger la noire », vue par Jacques Ferrandez, au travers de ses dessins nous offre une refonte du roman, mettant en exergue ses moments les plus denses, modifiant le style narratif, tout en conservant précieusement la richesse de l’intrigue et la profondeur des sentiments et des personnages créés par Attia. Maurice Attia avait livré une œuvre très forte, décrivant précisément la complexité de l’histoire d’Alger en cette année 1962… La mise en images de Jacques Ferrandez amène une nouvelle lecture, un très bon moment sur des années noires, qui nous permet de revisiter l’Histoire par le quotidien des algérois d’alors, qu’ils soient juristes, commerçants, voyous, prostituées, mais tous un peu utopistes. On connaît les liens de Jacques Ferrandez avec l’Algérie d’avant l’indépendance, et c’est donc le réalisme romancé qui prime dans toute son œuvre sur ce magnifique pays, qui prend ici un peu de dureté au contact de cette histoire, du cynisme bien venu et bien atténué par les couleurs. Certains polars méritent plus que d’autre un passage en BD, celui-là en fait partie
Jacques Ferrandez / Maurice Attia – Alger la noire – Castermann 2012