Rien à rajouter. « Créole Belle », comme le titre l’indique est magnifique. Ce livre, dernier opus des aventures de Dave Robicheaux, l’alter ego de James Lee Burke sonne comme un testament littéraire. Dans « Créole Belle », Dave Robicheaux se remet peu à peu des blessures de la vie, autant celles qui l’ont mené à l’hôpital (cf. « Swan Peak ») que celles qui l’ont mené à l’alcool. En plus de 600 pages qui se lisent beaucoup trop vite, nous parcourrons l’ensemble de sa vie et de sa carrière, avec de belles et dures images absolument pas nostalgiques, et toujours avec son âme damnée, Clete Purcell, son combat contre l’hypocrisie et la vilenie. Cela démarre avec le beau visage de Tee Jolie Melton qui en rêve ou en réalité, mais tout en musique interpelle Dave du fond de son coma. S’en suivent de longs allers-retours entre bayou et Nouvelle-Orleans, entre petits trafiquants, tueurs à gages, détenteurs de pouvoirs pourris jusqu’à la moelle, grands propriétaires amateurs d’art au passé obscur et sordide… avec au centre l’apaisé Dave, revenu de tout et de tous, survivant, qui n’a qu’un but, sauver Tee Jolie. À sa lecture, on ressent comme un au-revoir, comme si celui-ci était la dernière péripétie de Dave Robicheaux et on espère que non*. Un formidable bouquin, comme toujours avec J.L.Burke, le genre de prose qui en éclipse un paquet d’auteurs et qui noient bon nombre de livres sous la fange. Un seul regret, adressé à l’éditeur qui met sur la couverture un bandeau identifiant James Lee Burke comme un William Faulkner de Louisiane, il n’y a qu’un William Faulkner et qu’un James Lee Burke, avec des talents mirifiques mais incomparables et surtout quand on a la chance de publier de si beaux livres, quel dommage de laisser quelques coquilles…
* Pour celles et ceux qui le craignent, on sait déjà que non, car une autre aventure de Dave Robicheaux est parue en 2013 aux États-Unis d’Amérique, sous le titre « Lights of world »… tout un programme !
James Lee Burke – Créole Belle – Rivages 2014