Après « Paris la nuit », Jérémie Guez envoie un deuxième uppercut. Rapide, précis, costaud, « Balancé dans les cordes » décrit la vie de Tony, fils de Rrom, échoué dans une cité d’Aubervilliers, entre une mère épave et un oncle garagiste. Plus que l’image de la banlieue, Jérémie Guez insiste sur le fossé qui se creuse toujours plus à l’emplacement du périph’. Tony est un personnage riche, un jeune type très mature qui cherche un échappatoire grâce à la boxe, dont il possède l’art de l’esquive, le talent de frappeur, et qui connaît ses limites et celles de son environnement. Malgré son absence d’illusions, il lui est permis de rêver à un avenir radieux en comparaison de celui de ses voisins. Mais la fatalité veille, sous la forme d’une dette de sang. Et dans l’univers gris des quartiers nord d’Aubervilliers, Tony va peu à peu tisser la corde qui le pendra…
Guez réussit son pari, dépeindre la cité et son opposé, Paris, ville lumière où se fracassent jeunes de banlieue, où s’encanaillent les bourgeoises, le tout en mode pugilistique. Coincé entre les cordes, son jeune héros n’a qu’une solution, éviter les coups, encaisser a minima, trouver la faille pour lancer jam, uppercut et direct pour tenter le K.O. ou sortir en héros.
Le livre défile à la vitesse de douze rounds, sans instant de répit. Au final, la triste morale de cette histoire est que l’on n’échappe pas à son milieu, que l’on ne choisit pas où l’on naît, ni le lieu, ni sa famille… fatum, fatum.
Ce deuxième volet de la trilogie parisienne que nous promet Guez est un cran au-dessus du précédent, le troisième est attendu avec impatience.
Jérémie Guez – Balancé dans les cordes – La Tengo Editions 2012