Revenons sur un José Luis Munoz. Tout d’abord, parce que je n’avais encore pas abordé ici cet auteur barcelonais qui voyage au sein de ses polars. « Babylone Vegas » est le deuxième de ses romans à être traduit. Plus qu’un polar, il s’agit d’un roman noir, consacré aux faiblesses humaines selon les religieux, aux addictions selon les thérapeutes et aux plaisirs selon tous les autres… Mike Demon, représentant en assurances agricoles, a un problème avec les femmes. D’abord avec son épouse, trop frigide et trop présente, puis avec Carmela, la mexicaine de Tijuana, avide d’un échange sexe vs passeport états-unien alors qu’il en est amoureux, puis avec une sacrée joueuse qui pourrait être sa mère, enfin avec une teen-ager qui saura mettre fin à ses tourments de manière radicale. Un script en quelques lignes cache en fait une histoire simple et intense, celle de tous ces hommes qui voyagent beaucoup, jamais à l’abri d’une aventure ou d’un ennui. Le jour où Mike Demon tombe en panne de voiture à quelques encablures de Las Vegas, il va s’encombrer d’une nouvelle addiction… peut-être héréditaire ? Quoiqu’il en soit, ce sera le début de la fin. Munoz nous ballade dans les tréfonds de l’humain, entre sexe, alcool et… jeu, nous poussant à appréhender les futilités de la vie comme certaines vérités. Un excellent roman qui met à mal le mythe nord-américain et la droiture des orthodoxes, sans compter sur la tristesse de Las Vegas, cette ville surgit du néant, Babylone des temps modernes.
José Luis Munoz – « Babylone Vegas » – Actes Sud 2010