Pendant l’été 1972, Reykjavík était le lieu d’affrontement Est-Ouest de la planète. Le championnat du monde d’échecs, match du siècle, y était organisé et opposait le capricieux Bobby Fischer venu des États-Unis au détenteur du titre, le Russe Boris Spassky. Indridason nous narre ce duel en parfait historien, invoquant non seulement toute la géopolitique de cette époque et ses conséquences islandaises, comme le renouveau du parti communiste islandais, les écoutes téléphoniques, l’implantation de la base d’aviation états-unienne et ses opposants… mais aussi en remontant encore le cours du temps pour atteindre l’épidémie de tuberculose qui dévasta l’Islande après-guerre et dont souffrit Marion Briem, l’inspectrice en charge de l’enquête. Un jeune homme sans histoire a été poignardé dans une salle de cinéma et le magnétophone dont il ne se séparait jamais a disparu. L’enquête va mêler fiction et réalité de la guerre froide, Indridason nous emmenant autant sur les pistes de l’espionnage que sur les luttes d’influences autour de ce championnat d’échecs, emblématique de par le duel entre Fischer et Spassky, mais aussi du conflit entre modèle économique. Indridason donne une réelle épaisseur à tous les personnages, l’intrigue dépasse bien sûr les simples faits et l’ambiance électrique du Reykjavík de cet été nous tient en haleine jusqu’à la dernière page où un malicieux clin d’œil est glissé.
Arnaldur Indridason – Le Duel – Métailié 2014