Angel Dare (l’ange qui ose), mère maquerelle des temps modernes, loue ses filles pour des spectacles ou des tournages de pornos jusqu’au jour où Sam, un de ses amis du temps où la belle officiait encore dans l’industrie lui propose personnellement un tournage. À partir de là, sa petite vie pépère et rangée va prendre un tour peu sympathique. Le roman démarre alors qu’Angel Dare, ligotée et plutôt endommagée se débat dans le coffre d’une bagnole. Christa Faust, qui a sans doute conclut un pacte avec son double, elle-même ancienne du X, nous narre alors l’histoire amont à cette scène et ses suites, l’enquête d’Angel Dare pour comprendre sa situation. Un polar qui parle crûment de l’industrie du porno, montrant avec réalisme le trafic international de chair fraîche qu’il engendre, montrant aussi l’amour des états-uniens pour les armes, la vengeance, les raisonnements binaires bien-mal, le fanatisme qui en découle et au-dessus de tout, l’amour du flouze, du pognon, du fric qui permet de fermer les yeux sur le reste.
Un roman très précis sur cet univers, où l’héroïne, tenancière de petite entreprise, plutôt paternaliste, comprend peu à peu les rouages de cette industrie et son concours à la main-mise des mecs qui la détiennent. Cela reste un roman qui, s’il dénonce fortement l’industrie du porno ne la condamne pas, l’argent étant le moteur de « l’American way of life », un roman qui aurait pu aller bien plus loin s’il avait été écrit par une européenne. La fin reste implacable dans ce monde où le bien triomphe du mal. Il reste que c’est un polar magnifiquement pêchu, avec un rythme effréné, des scènes très cinématographiques et d’une noirceur sans espoir puisque la solidarité n’est pas de ce monde.
Christa Faust – Money Shot – Gallmeister 2016