Plus qu’un titre, un état d’esprit. Avec « À fond de cale » et sa soixantaine de pages, Dominique Delahaye nous emmène dans un noir absolu. Au départ, un combat de boxe entre taulards dont Thomas qui va sortir. On suit les premiers pas de « liberté » de Thomas avec de nombreux flash-back expliquant son parcours de jeune homme ayant déjà bougrement vécu. Les personnages défilent, ses parents, la famille de sa mère, son pote qui l’entraîne sur ses premières conneries, son amie… L’environnement suit, l’alcool, le racisme, l’univers peu connu des mariniers, la beauté des paysages et des sentiments.
En peu de lignes, beaucoup de choses. Une vie, celle d’un homme dont les différentes écluses à passer sont parfois infranchissables parce que la société est ainsi, inégalitaire et méprisante. L’espoir apparaît par interstices, la lumière n’est pas loin et parfois déboule vite, mais le noir reprend le dessus. Des portraits plus qu’acérés qui campent les personnes en quelques mots, une nouvelle qui laisse Thomas à fond de cale aux sens propres. Un texte concis, violent, très bien écrit.
« Rico tente de reprendre pied. Ses épaules se soulèvent. Il cherche l’air et ses yeux sombres légèrement exorbités se troublent. On dirait une grosse carpe jetée au fond d’une barque. L’arbitre fait un signe discret et le gong retentit. »
J’ai lu « À fond de cale » il y a déjà quelques mois, Dominique Delahaye me faisant la joie d’être un hôte récurrent comme musicien et écrivain, je ne voulais le flatter trop tôt ! Un conseil, précipitez-vous sur cette petite merveille, vous ne le regretterez pas.
À noter que les éditions In8 ont sorti une série de nouvelles signées des plus grands (Bartlet, Secret, Pouy, Malte, Ledun, Dietrich) toutes de très belle facture
Dominique Delahaye – À fond de cale – In8 2014