Une histoire de n’drangheta entre Calabre et Nouvelle Angleterre et aussi loin que la pieuvre étend ses membres. Un meurtre déguisé en suicide, une belle héliportée, le blanchissement d’argent à base de trafic de blanches… A priori, une trame ressassée dans le polar. Pourtant, « American taste » de Gioacchino Criaco, nous embarque dans une histoire d’hommes et d’un pays, l’Aspromonte, au sein des collines calabraises. Par touches successives, Gioacchino Criaco apporte humanité et tendresse à ces vieux mafieux pour qui l’honneur reste une valeur. Miroir de ces vieux, un ancien marine, droit dans ses bottes va construire une vengeance contre l’homme qui l’a privé d’un enfant et de sa dignité. Accompagné par toute une palanquée de personnages aux esprits tous plus noirs que les autres, liés par leurs origines montagneuses et la même vengeance envers la société « American taste », Mister B va secouer l’édifice mafieux. Plus que vers le goût américain, c’est un dégoût exprimé envers la collusion entre industrie du luxe et mafia.
Criaco décode aussi bien les artifices de la finance, de la haute-couture, de l’immigration… de Fleury-Mérogis à la Crète en passant par Milan, la Calabre, la Russie. Un roman où chaque chapitre est un court-métrage pour construire au final un excellent polar. Beaucoup de sobriété, une vraie connaissance de l’économie mondialisée, un espoir dans l’amitié et de magnifiques paysages méditerranéens font la richesse de « American taste ».
Giocchino Criaco – American taste – Métailié 2013