Matthew Firfth avec « Made in Canada » exploite la misère humaine. Au travers d’une vingtaine de nouvelles, Firth brode l’histoire des laissés pour compte de la société canadienne, voire de toute société occidentale. Laissé pour compte parce que inadaptés, pauvres ou ignorants ou révolté ou frustré de leur vie banale… en résumé quiconque ! Les personnages de « Made in Canada » sont femme au foyer, chômeur, clochard, pochtron, représentant commercial ou délinquant à la petite semaine, mais tous en déliquescence d’une société qui promet tout mais n’offre rien à ceux qui ne se coulent pas dans son moule ou n’y parviennent pas.
Leur frustration s’exprime par la violence, l’alcool, le sexe, et surtout le rejet de l’autre. Des individualistes forcenés qui n’arrivent à trouver ni exutoire, ni plaisir dans leur vie, dans ses excès, dans leurs excès. Cette noirceur permanente au sein de « Made in Canada » est renforcée par une multitude de petites scènes qui nous arrachent un sourire parce qu’une situation nous en rappelle une que nous avons vécue. Toutes les difficultés sont abordées sans jugement, mais plutôt une froide explication de ce que la société capitaliste accouche chaque jour. Un style très beau et très noir, quasi bukoskien et des nouvelles assez brèves qui claquent comme des coups de fouets, noir et sexe, vous dis-je. Et comme toujours avec 13ème note, un ouvrage superbement broché comme il en existe de moins en moins… et oui, le profit, le profit !
Matthew Firth – Made in Canada – 13ème Note 2013