Mehmet Murat Somer continue son portrait d’Istanbul la fêtarde… en suivant les enquêtes que mènent son héros irrésistible, patron de club, informaticien, mais aussi travesti – dont l’égérie est Audrey Hepburn – et hacker. Les intrigues des enquêtes mises en scène par Mehmet Murat Somer ont le parfum désuet d’Agatha Christie ou de Georges Simenon, mais le langage, la musique des mots et surtout la situation et le cadre rendent ses histoires réellement fantastiques. « Meurtre d’un gigolo » se passe dans les districts urbains d’Istanbul, le plus souvent dans le huppé et festif Beyoğlu, entre Taksin et Cihangir, mais aussi de la plage de Kilyos aux Yalı du Bosphore et au travers des multiples ruelles étroites qui dévalent la ville européenne. 
L’atmosphère de la ville est rendue de manière intense, tant par les personnages, qu’il s’agisse des notables et riches stambouliotes, d’informaticiens surdoués, d’artistes ou de pauvres taxis, qui tous, sont liés par les folles nuits d’İstanbul et se retrouvent pour s’encanailler dans les boîtes de travestis. En musique, de REM aux tubes de disco, Mehmet Murat Somer rend un hommage appuyé à toute cette population d’homosexuels, de travestis, qui porte non seulement les traditions de la ville mais sont aussi le ferment de la fête, tout en étant plus qu’impliqués dans la société et donc, dans l’enquête. Ajoutons à cela une satire toute en finesse sur le pouvoir en place et la richesse des liens existants entre les habitants, qu’ils soient flics, joueurs, commerçants, travelos, avocats… un bon moment de lecture et une visite très réelle de cette ville magnifique et légendaire.
Mehmet Murat Somer – Meurtre d’un gigolo – Le Masque 2009
