●●●●● La tristesse du Samouraï

« La tristesse du Samouraï », premier livre traduit de Victor del Árbol est une réussite de polar, qui se déguste et se digère avec lenteur. Ce roman combine la noirceur de l’Histoire de l’Espagne depuis l’avènement du franquisme, la géographie de Barcelone et ses environs, la complexité des sentiments, des dérives humaines et leurs conséquences psychologiques… on ressort de la lecture de La tristesse du samouraï enrichi mais peu gai. Car l’univers de Victor del Árbol est noir même si l’on perçoit qu’il croit encore un peu à l’humanité. Cette humanité, dont il a fait part lors des rencontres et débats des derniers quais du Polar, traverse l’intrigue entière, avec ses doutes, ses erreurs, ses horreurs, ses inhumanités et malgré tout un soupçon d’amour… filial.
Victor del Árbol nous promène entre 1941 et 1981 de Merida à Barcelone avec quelques détours par Madrid, le front russe, un goulag et les contreforts pyrénéens, au cœur du franquisme et de ses derniers soubresauts. On suit les traces de trois familles au cours de ces quarante années, dont les destins sont étroitement liés. Ces trois familles sont manipulés par un homme, à l’ambition dévorante, un tueur aux mains propres. Victor del Árbol nous plonge dans l’absurdité de la destinée, de la descendance qui subit les choix des pères, mais surtout en bon historien, il nous explique comment la phalange a pesé et pèse encore sur la culture et la pensée espagnole, avec beaucoup de finesse. « La tristesse du Samouraï » est un excellent thriller historique qui nous interdit de juger tel ou tel par les actes de ses parents, qu’ils soient réfléchis ou spontanés. Au-delà d’un scénario dramatiquement ficelé, l’écrit est riche et enlevé avec quelques vérités bien assénées :
« Un agitateur, c’est celui qui remue, qui inquiète la pensée et éveille les consciences endormies »
« …en fin de compte, nous sommes ce que nous faisons »
« …tout est sans doute noir ou blanc. Mais ici, entre nous, ce point de vue manichéen ne tient pas la route : ici, les hommes sont tous gris. Comme moi. Comme toi ».
Merci à Victor del Árbol, encore un conteur barcelonais, j’attends avec beaucoup d’impatience son prochain opus traduit en français et d’ici là, restons des agitateurs.

Victor del Árbol – La tristesse du Samouraï – Actes Sud 2012

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