Gaëlle Perrin-Guillet soigne toujours ses personnages. Après nous avoir fait partager les états d’âme d’une tueuse en série avec « Haut le chœur », thriller déjà convaincant, elle nous dresse le portrait de deux hommes, Henry Wilkes, flic boiteux et Billy, gamin des rues devenu homme à tout faire du premier. Elle glisse aussi du thriller au polar en nous emmenant dans le Londres de la fin du XIXème avec « Soul of London ». Cela démarre dans les égouts de Londres, à la chronique des chiens écervelés, se poursuit en surface entre les derniers taudis et les villas somptueuses des belles familles pour se terminer à l’hôpital… avec quelques morts tout aussi écervelés. Ce bref descriptif n’est là que pour ne pas dévoiler l’intrigue, menée de main de maître et qui nous permet tour à tour de s’interroger sur la transformation urbaine d’une métropole, le devenir des orphelins, la corruption de la police et les délires des mandarins. Une belle brochette de personnages que l’on retrouvera peut-être car ils ne nous ont pas encore tout révéler de leurs personnalités, même si on sait déjà que le flic ne boîte pas seulement d’une jambe, que Billy n’est pas que malin et Lady Pickman n’est pas que jolie…
Un polar qui conjugue exotisme londonien, smog, neige, histoire, où l’on croise les ombres de Jack et de Sherlock, et qui sait être résolument moderne quant à la critique sociétale du miroir qu’est Londres de la fin XIXème. Quoiqu’il en soit, l’âme humaine est bien noire.
Pour terminer, ajoutons que l’écriture concise et précise rythme diablement cette intrigue et qu’il est difficile de lâcher ce livre en cours, tout ce qui fait un bon polar.
Gaëlle Perrin-Guillet – Soul of London – Fleur Sauvage 2016