●●●○○ Le bon samaritain à Naplouse ( نابلس )

Le bon samaritain est encore Omar Youssef, ce vieux professeur d’histoire de Bethléem, héros récurrent des livres de Matt Rees. Omar Youssef vient à Naplouse pour un mariage et passe sa semaine à enquêter sur le meurtre dans la communauté des samaritains. L’intrigue mêle adroitement la vie quotidienne des palestiniens et la gabegie de l’aide internationale… Matt Rees, ce journaliste gallois installé à Jérusalem, devient écrivain habile et pointu pour nous décrire Naplouse, son souk ottoman, ses bains, ses temples, ses communautés, le Mont Garizim et nous faire comprendre la complexité de sa société. Matt Rees pose nos pas dans ceux de ses personnages, en premier lieu Omar Youssef et son vieil ami le chef de la police Khamis Zeydan au passé trouble. La ville est décrite avec ses différentes couches architecturales, ses artères, ses marchés et ses tunnels avec de belles images, « Pareils à des punaises de cuivre ternies, les dômes semblaient clouer à la vallée le souk ottoman et le caravansérail mamelouk. Sinon, toutes les pierres se lèveraient et s’enfuiraient en courant de cette ville répugnante, songea Omar Youssef« . Dans le même temps, l’enquête avance en levant peu à peu le voile sur les luttes fratricides du Hamas et du Fatah, les malversations du « Vieux » (on devine Yasser Arafat même s’il n’est jamais cité) et de sa clique, les enrichissements qui en découlent pour certains des bénéficiaires de l’aide internationale, les traditions des derniers samaritains et les nouveaux rites de certains islamistes (mariages groupés… avec époux séparés) et les confrontations entre ces sociétés séculaires et l’occidentalisation de certains de leurs membres… Matt Rees nous éclaire sur le fonctionnement de Naplouse et de ses habitants, une société riche de cultures et qui évolue au-delà des clichés, car s’il met le doigt sur les dérives des gouvernants, sur la difficulté d’être homosexuel, d’être femme, d’appartenir au monde global, s’il dénonce les conflits d’intérêts, Matt Rees nous montre surtout qu’il existe une vraie solidarité entre les différentes cultures, un profond respect traduit au-delà des saines salutations d’usage en un mot, un bel humanisme.

Matt Rees – Meurtre chez les Samaritains – Albin Michel 2009

ci-dessous une vue panoramique de Naplouse (wikipedia) avec au fond le Mont Garizim (sur la droite de l’image)

wikipedia © 2012 The author

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