« L’épouse inconnue » de Leif Davidsen me renvoie aux « Chiens de Riga ». Là aussi, l’action se déroule entre Ouest et Est, aux lendemains de la guerre froide.
En 2003, Henning Mankell nous décrivait l’autre côté du mur en nous promenant en Lettonie, en 1991. « Les chiens de Riga » était paru en 1992 en Suède mais le Seuil nous a fait attendre. Cependant, le fait de lire cette histoire avec un « recul » d’une dizaine d’années n’altère en rien la compréhension du bouleversement historique qu’ont vécu les citoyens de l’ancien Bloc de l’Est.
Pour avoir vécu le changement de société qu’a provoqué la fin du soviétisme en Europe de l’Est avec le basculement vers un capitalisme ultralibéral (dans l’acception française du terme), j’avais retrouvé dans ce livre toute la dramaturgie de cette période. Kurt Wallander au-delà de son enquête policière nous emmenait dans les rouages de l’espionnage et de la géopolitique.
L’intrigue de « L’épouse inconnue » met en scène les conséquences des années de transition qui pour la Russie ont été plus longues bien que tout aussi brusques que dans ses anciens pays satellites. On découvre l’éclatement de l’Empire russe au travers de l’histoire dramatique d’une russe dont les origines multiples retrace l’Histoire soviétique. Marcus Hoffmann est un homme d’affaires danois à la vie (trop) bien rangée où la seule note de fantaisie semble apportée par sa femme qu’il a rencontré à Moscou une quinzaine d’années plus tôt. Un jour, sa femme décide de revenir en Russie pour une croisière sur la Volga.
Marcus va alors découvrir les dessous de la Russie, le lien entre pouvoir et mafia, la misère sociale, les nouveaux apparatchiks et l’identité de sa femme grâce à l’aide de son père, de nouvelles connaissances russes et d’un vieux japonais. L’atmosphère est pesante, on sent le poids de la corruption de l’administration russe, on perçoit un peu moins l’âme slave – sauf sur la fin -, le goût pour les arts et la nostalgie qui en sont le fondement. Un très beau livre sur la connaissance de ses proches et sur les bouleversements de l’Histoire liés à la géopolitique. Leif Davidsen est coutumier du genre avec « La femme de Bratislava », « Le danois serbe », « L’ennemi dans le miroir ».
Leif Davidsen – L’épouse inconnue – Gaïa 2007
Henning Mankell – Les chiens de Riga – Seuil 2003
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