Nous avions quitté Varg Veum dans son Bergen déprimant où détective privé, mais alors privé de tout, il vagabondait entre deux affaires, nous le retrouvons ici au travers de trois époques de sa vie. Trois périodes de sa vie qui correspondent à trois rencontres avec un enfant suspecté de meurtres. Un Varg Veum, encore à la protection de l’enfance qui va arraché Jannegutt à sa mère, droguée, asociale, puis qui va retrouvé cet enfant quelques années plus tard lorsque sa mère adoptive est emprisonnée suite au meurtre de son mari… Dix ans passent et Veum le Loup, devenu détective privé est appelé par Jannegutt accusé du meurtre de ses nouveaux parents adoptifs. Encore une décennie plus tard, Jannegutt et Varm se retrouvent pour un autre meurtre et peut-être leurs fins. Un grand bouquin où Gunnar Staalesen va au-delà du polar classique, en abordant fortement les enjeux de la protection de l’enfance, de ses limites, du social-réalisme norvégien, en abordant aussi l’âge de l’homme, l’utopie des vingt ans, le nihilisme des trente ans et l’acceptation de la complexité ensuite… Il parle aussi de l’amour, entre deux personnes, entre une mère et son fils, des addictions et donc du trafic d’alcool et autres drogues diverses. Un excellent polar dont l’intrigue se dessine à pas de loup, feutrés, petit à petit. Toujours aussi fort dans sa description de l’âme humaine et des paysages des fjords norvégiens, le Loup de Bergen a bien assuré son retour. (même si l’on se demande toujours pourquoi il existe un tel délai de parution en France pour un roman sorti en 2007 ?)
Gunnar Staalesen – L’enfant qui criait au loup – Gaïa 2014