●●●●○ Moscow, comme un coup de poignard

MoscowEdyr Augusto poursuit son portrait de « Belém » et ses environs. Après « Belém », roman très social qui dépeignait le côté sombre de la métropole amazonienne, le voici à « Moscow », île de Mosqueiro, lieu de villégiature pour de nombreux habitants de Belém. À Moscow, surnom de l’île, se croisent chaque été les jeunes filles aisées de la métropole, leurs mères et les jeunes locaux, désœuvrés et démunis. À partir de ce constat social, sourd une terrifiante violence mise en mots par Edyr Augusto. D’un conte de plages, il nous entraîne vers des relations perverses, ultra-violentes, désespérées… où l’humain n’a plus sa place. La radicalité du propos exprime avec force et talent l’idée de celui qui n’a rien à perdre, loin de la photo de couverture, apaisante. Successivement, sont dépeints le désir, qu’il soit sexuel ou amoureux, l’appât du gain facile, les virées entre potes, la montée de la violence dès lors qu’elle est portée en groupe, le tout dans des nuits de défonce ou sous un soleil implacable. Un très court roman, une écriture ciselée et brute, un thème rarement exploité de manière aussi pertinente (la confrontation de deux mondes vu par un jeune psychopathe), une brutalité de la vie et de la mort, jamais magnifiées. La force de « j’irai cracher sur vos tombes », la langue d’un Manchette, un bijou… comme un coup de poignard.

Edyr Augusto – Moscow – Asphalte 2014

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