Le 3ème opus de John Verdon, « Ne réveillez pas le diable qui dort« , paraît le 13 mars prochain. On retrouve le personnage de David Gurney, flic du NYPD à la retraite, qui se remet difficilement des séquelles de sa précédente enquête, narrée dans N’ouvre pas les yeux. Gurney devient consultant auprès d’une jeune journaliste et se retrouve confronté à une affaire de « serial killer » vieille de 10 ans, non résolue. Sa connaissance, son instinct, ses réflexions, l’amènent peu à peu à envisager d’autres hypothèses que celles établies par le FBI. S’ensuit donc une lutte entre le FBI, Gurney, toujours aidé du râleur Hardwick dont les inimitiés avec le FBI sont plus que patentes et le « serial killer », le tout sur fond de publicité géante, puisque John Verdon intègre en plein champs, la télé-réalité, partie prenante de l’intrigue du début à la fin. L’enquête est haletante, le personnage de Dave Gurney toujours autant empathique, la famille de celui-ci se rapprochant, donne au personnage une autre dimension, les autres personnages sont excellemment habités et toujours vraisemblables, on ne s’ennuie donc jamais au fil des 525 pages. On prend beaucoup de plaisir à se promener dans les paysages des Castkill et alentour, de Syracuse au Lac Cayuga, au milieu des bois, mais surtout on suit avec avidité l’état du raisonnement de Gurvey pour résoudre cette passionnante énigme ; on le voit se débattre avec tous ses maux, ses diables, vérifier si son intuition est bonne, savoir comment équilibrer sa vie, comment accepter son âge et son nouveau rôle, devenir un père, un compagnon… une leçon d’humanité.
Bien sûr, Verdon en profite pour faire une critique acidulée de la télé poubelle et se moquer de l’obsolescence du FBI et de ses « profileurs ». John Verdon, ancien publicitaire, donc ex partisan du système, est un fin descripteur de la société état-usienne, de la société occidentale, société où le paraître continue de supplanter l’être, mais parvient à nous faire conserver l’espoir en instillant une dose d’humanité simple et efficace dans chacun de ses romans, en montrant l’importance de son entourage, la beauté des paysages ruraux, une bonne assiette… il a de plus une belle pointe d’humour noir qui rassérène quant à l’esprit humain.
La chute du roman est un poil abrupte et grand guignolesque, mais ceci n’est qu’un minuscule bémol au sein d’un fantastique bouquin.
John Verdon est prolixe, puisque il signe un opus chaque année, mais nous ne plaindrons pas tant la qualité de son écriture et la richesse de ses intrigues donne du bon temps au lecteur.
Encore une fois, je peux remercier Stéphane Bourgoin du Troisième Oeil et les éditions Grasset pour cette lecture en avant-première d’un auteur qui commence à marquer la littérature états-unienne du thriller.
John Verdon – Ne réveillez pas le diable qui dort – Grasset 2013