11.6, film de Philippe Godeau n’est pas un polar, mais une enquête. Non pas une enquête policière, bien que celle-ci soit sous-jacente, mais plutôt une tranche de vie d’un personnage plus que taiseux : Toni Musulin, convoyeur de fonds devenu l’acteur du casse le plus simple réalisé ces dernières années. Cet homme, toujours emprisonné à l’instant où j’écris ces lignes, fonctionne sur un mode silencieux. Il a sans doute opéré seul, a su parfaitement préparer son affaire, ne joue ni le caïd, ni le flambeur, est resté d’un naturel zen et coi durant toute l’instruction, malgré le bruit alentour.
C’est cette personnalité qui a marqué ses concitoyens ainsi que son mode d’action : après une minutieuse préparation, Toni Musulin a simplement piqué le propre fourgon qu’il conduisait en laissant ses collègues en plan. Le film traite essentiellement de la part mystérieuse de Toni Musulin, en mettant en avant ses frustrations quotidiennes, le mépris avec lequel sont traités l’ensemble des convoyeurs par leur propre entreprise et par une société qui ne vit que du fric, ses envies paradoxales de belles caisses et de grand calme, entre Monaco et les alpages… tout cela bien entendu imaginé, car personne ne connaît Toni Musulin. Un génie ou un salarié humilié, citoyen outragé qui pète un câble et décide d’une vengeance finalement gentille ? Ce qu’il y a de certain et le film le montre bien, Toni Musulin n’est pas un violent, il ne se sert ni de son arme de service, ni de son physique (sauf pour charger les billets), il ne court pas forcément après le blé, il cherche quelque chose et sa quête passe un jour par ce phénoménal casse. Il a écopé du max en terme d’emprisonnement et comme l’a si bien dit son avocat, la justice est très sévère quand on s’attaque à une banque.
Les acteurs sont dirigés de main de maître et jouent tous au plus juste (Corinne Masiero, Bouli Lanners…) derrière le fantastique François Cluzet, Lyon est présent en filigrane, donnant l’ambiance de ses quartiers industrieux, bistrot sympa, petit habitat, grand entrepôt. Un grand merci à Julia de WildBunch qui m’a permis d’apprécier pleinement 11.6 malgré les deux vieilles bourgeoises mal éduquées, qui n’ont cessé de jacasser pendant toute la durée du film, que j’aurais volontiers étriller si je n’étais partisan de la moindre violence et surtout si le film n’avait pas réussi à capter aussi bien mon attention. Je vous laisse avec les mots de François Cluzet expliquant la construction de son personnage « Ce type là est sans cesse humilié et ne répond pas. Jusqu’au jour où il élabore un stratagème dans sa tête pour prendre sa revanche, pour faire tomber ceux qui l’ont humilié » et la bande annonce.
We got 5, stuck on my eyes
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Olivier Martinelli - Quelqu'un à tuer
James Lee Burke - Créole belle
François Médeline - Rêves de guerre
Attica Locke - Marée noire-
DaZiBao
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