Le ton est donné dès le titre « Quelque chose pour le week-end », de Sébastien Gendron. Un ton léger, frivole, gai et rapide à lire. Une armée de pingouins shootés à la blanche déboulent à Kirk Bay, dans le Yorkshire, semant la panique au milieu des villas cossues habitées essentiellement par de paisibles retraités. Enfin, pas si paisibles que cela les retraités ; entre celui qui veut se séparer d’une manière radicale de sa femme, ceux qui montent une milice pour lutter contre les volatiles et le premier d’entre eux, le maire qui souhaite pérenniser sa nouvelle fonction par tous les moyens, le rythme est plutôt celui d’adolescents zappant ou testant leur dernière console de jeux. « Quelque chose pour le week-end » nous montre des scènes de crimes, de vols, de défonce, de sexe hardcore, des luttes de pouvoir entre biologistes et créateur de parc d’animation, entre flics et flics, entre voisins et tondeuses à gazon et surtout entre homo sapiens et alcidés. La petite ville de Kirk Bay est décrite avec beaucoup de précisions, ressemblant à La Baule ou un Arcachon anglais, mais ne la cherchez pas sur une carte, le nom renvoie à l’île de Flotta, au nord de l’Écosse alors que le livre parle certainement plus de Bridlington ou de Filey, voisine de Scarborough.
En tout cas, l’imagination ne fait pas défaut à Sébastien Gendron (mais que prend cet homme ?), qui se moque gentiment des loufoqueries de nos voisins Grands-Bretons avec un parfait nonsense, ça pulse à toute allure, le nombre de barjots augmente au fil des pages et au final, seule l’intervention de l’armée ramène le calme… à Kirk Bay, enfin, ce qu’il en reste. L’impression d’avoir lu un bouquin anglais persiste même après avoir constaté que l’auteur est bien français, sans doute sociologue des mœurs britanniques, en tout cas bon connaisseur de l’autre côté de la Manche.
Si vous cherchez à lire quelque chose pour le week-end, n’hésitez pas.
Sébastien Gendron – Quelque chose pour le week-end – Baleine 2011