Le titre est mensonger, personne ne rêve de frontière. Paco Ignacio Taibo II nous promène plutôt dans les rêves d’Hector Belascoaran, son détective borgne, dans ce mélange de subtilité, d’humour et de nostalgie qui font son caractère. C’est une histoire tranquille, sans début ni fin car Hector Belascoaran « appréciait les histoires complexes, mais où rien ne se passait ». Une histoire tranquille de frontière avec passages frauduleux, prostitution, crimes et trafic de stupéfiant, le tout sur fond d’hôtel borgne et d’amours adolescentes tronquées avec de vrais méchants et pas mal de faux gentils. Un polar qui se lit le temps d’un TGV mais qui réussit à nous emmener loin d’ici. Son scénario, beaucoup plus optimiste, mais cela est la nature de son auteur rappelle d’autres histoires de frontières comme « Tijuana straits » et ses personnages sont le reflets d’autres personnages en butte avec une frontière politique comme ceux rencontrés dans « The wall » ou dans « Le poète de Gaza » mais là encore avec beaucoup plus de légèreté.
Paco Ignacio Taibo II – Rêves de frontière – Rivages 2002