D’Italo Svevo à James Joyce, en passant par Umberto Saba, Rainer Maria Rilke et bien sûr Boris Pahor, Trieste inspire les écrivains. Cette ville est non seulement un port mais aussi la porte de l’Europe centrale sur le monde méditerranéen.
L’ambiance est particulière, les influences s’imbriquent, la ville est italienne, autrichienne, slovène, croate… en un mot européenne. Une ville où chacun a posé ses meilleurs marques, un plat croate, un vin slovène, une pâtisserie viennoise et un café italien sont au menu forcément délectable. C’est dans cette ville que le commissaire Proteo Laurenti, tout en assumant ses infidélités conjugales et la lenteur de l’administration italienne, dénoue les intrigues que lui proposent Veit Heinichen, écrivain allemand de Trieste . Laurenti ferme les yeux sur les petits trafics portuaires pour mieux affronter les fantômes du passé, les mafia d’aujourd’hui et la bora qui souffle toujours aussi souvent. A la lecture des nombreux polars de Heinichen, on ressent une forte parenté entre son enquêteur privilégié et Carvalho le barcelonais miroir de Manuel Vasquez Montalban. Comme Carvalho, Laurenti lit les pistes au travers de l’histoire mouvementée de sa ville et nous promène dans des lieux tout aussi sombres que magiques comme les karsts de Kras.
Certains critiques trouvent les histoires de Veit Heinichen trop lentes. Manuel Vasquez Montalban a essuyé les mêmes remarques pour certains de ses livres. Pour ma part, j’aime bien que l’histoire s’installe en prenant le temps de humer l’atmosphère de la ville, de poser le contexte, de mettre en place tous les personnages. Et puis l’image de la ville qui en ressort ressemble bougrement à la réalité !
Veit Heinichen
– A l’ombre de la mort – 2009
– Mort sur liste d’attente – 2008
– Les morts du karst – 2007
– Les requins de Trieste – 2006
Le Seuil, collection « Policiers »