Le personnage de Yesügei nous ramène sur les pistes du polar ethnographique. Entre les vastes espaces peuplées de yourtes et les buildings miteux de l’époque soviétique, Yesügei a choisi. Ses gènes de nomade reviennent au galop dès lors qu’il lui faut pister les traces laissées par le vent de la steppe mongole pour dénicher l’assassin d’un drôle de touriste états-unien. Sarah Dars nous fait partager son amour de la Mongolie, contant « des myrtilles dans la yourte » en campant ce personnage d’inspecteur roué, soûlard et coureur de jupon. Jusque là, rien d’exceptionnel pour un personnage d’inspecteur dans la littérature policière. Le petit rien qui fait la différence avec une multitude d’autres inspecteurs tient essentiellement à l’optimisme de Yesügei. Bien que la Mongolie est souffert depuis des lustres de ses voisins qui voulaient lui imposer la sédentarisation pour mieux pouvoir exploiter ses richesses, on sent que le nomadisme avec toute sa fragilité mais aussi ses forces et ses liens avec la nature n’est pas complètement enterré. Et s’il lui faut composer avec les croyances animistes, chamaniques et bouddhistes, avec la culture du monde de l’élevage, de l’herboristerie, avec la culture globale et ses objets dérives, Yesügei comme tout nomade ne perd pas le nord et avance dans son enquête grâce aux indices laissés de ci, de là par d’autres nomades et guidé par ses échanges avec des personnages un peu caricaturaux : une chamane aimée, un russe alcoolique, un chinois commerçant… l’histoire se lit bien, même si on reste plus attaché à la découverte de la Mongolie et de son peuple, nomade ou urbain, qu’à la trame générale qui ne révolutionne pas le monde du polar.
Sarah Dars – Des myrtilles dans la yourte – Philippe Picquier 2009